Le printemps égyptien est-il mort à jamais ?
Publié le 18 mai 2015. Par La rédaction de Books.
L’ex-président Mohamed Morsi a été condamné à la peine de mort. Cet épisode met-il un point final aux espoirs de démocratisation en Egypte ? Pas si l’on s’en réfère au livre de l’historien Juan Cole, paru en juillet 2014. Dans The New Arabs, cet universitaire et blogueur dressait un parallèle entre les événements de 2011 et les révolutions européennes de 1848. Si l’Egypte semblait alors faire un pas en arrière, c’était, selon lui, pour mieux aller de l’avant à terme – à l’image de la France, dont la République s’est enracinée à partir de 1871, malgré le triomphe de la réaction après 1848. Cole assure que le printemps arabe était mené par une génération d’activistes avides de démocratie, de tolérance et de sécularisme. « Quand cette génération aura atteint la trentaine et la quarantaine, elle aura une meilleure chance de redessiner directement le paysage politique, écrivait-il dans ce livre. Nous pourrions donc voir les conséquences de 2011 dans les décennies à venir ».
Une thèse bien trop optimiste pour le spécialiste du Moyen-Orient Shadi Hamid, auteur d’un ouvrage intitulé Temptations of Power. Cité par la New York Review of Books, celui-ci souligne que, si les Frères musulmans de Mohamed Morsi ont perdu le pouvoir, ce n’est pas en raison de leurs valeurs conservatrices, mais de l’opacité de leurs pratiques politiques et des tendances autoritaires de leur président. « La question plus générale est celle-ci, lit-on dans l’article : la frange éduquée de la jeunesse qui a lancé les révolutions de 2011 n’est pas nécessairement l’avant-garde d’un Moyen-Orient plus laïc. Elle est l’un des acteurs d’un conflit acharné qui porte sur des questions fondamentales d’identité et d’ordre social – un conflit dont l’issue est loin d’être certaine. »