Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013. Par Peter Thonemann.
En 203 après J.-C., Vibia Perpetua, une toute jeune mère de Carthage, défie l’empereur romain en affirmant sa foi chrétienne. Condamnée à mourir dans l’arène, elle tient le journal intime de ses dernières semaines. Dans ce document extraordinaire, qui ne ressemble à rien de ce qui survit de l’Antiquité, elle consigne ses tourments et ses rêves d’une manière troublante pour le lecteur moderne.
Un matin de printemps, en 203 après J.-C., une jeune femme nommée Vibia Perpetua, âgée d’environ 22 ans, bien née, instruite, mariée honorablement, alla joyeusement à la mort devant une foule nombreuse dans l’amphithéâtre de Carthage. À ses côtés, quatre autres hommes et femmes, dont deux esclaves, Félicité et son mari Revocatus. Le spectacle commença par un programme varié d’animaux sauvages – un sanglier, une vache enragée, un léopard – qui malmenèrent et blessèrent leurs cinq victimes pour le divertissement des spectateurs. À la fin, les hommes et les femmes furent rassemblés au centre de l’arène. Ils s’embrassèrent les uns les autres et dirent « la paix soit avec toi ». Perpétue fut la première à crier. Le premier coup avait atteint un os, et elle dut guider l’épée du gladiateur vers son cou.
Quelques jours plus tôt, sur le forum de Carthage, Perpétue et ses amis avaient été jugés devant le procurateur romain Hilarianus. Ils avaient refusé d’offrir un sacrifice à l’empereur régnant, Septime Sévère. Choisissant de se dire chrétiens et d’affirmer leur...