Le précédent algérien

Le recours massif à la torture par l’armée française pendant la bataille d’Alger est un exemple classique de la manière dont un État démocratique légitime cette pratique.

Les défenseurs de la torture mettent en avant un argument efficace : la bataille d’Alger. En 1956, le FLN (Front de libération nationale) engagea une campagne d’attentats à la bombe à Alger, tuant de nombreux civils. En 1957, le général Jacques Massu et le gouvernement français entamèrent à Alger une offensive contre l’insurrection qui incluait le recours à la torture. Pour citer le théoricien militaire britannique Brian Crozier : « Grâce à ces méthodes brutales, Massu écrasa l’organisation du FLN à Alger et rétablit solidement l’autorité française. Et il fit le boulot en sept mois, de mars à la mi-octobre (1). »

L’argument est difficile à contrer. C’étaient des professionnels de la torture, qui obtinrent avec célérité des renseignements fiables et cohérents. Ce fut une impressionnante victoire contre le terrorisme d’une démocratie qui pratiquait la torture (2). Pourtant la réalité est différente : les Français ont vaincu en déployant une force militaire écrasante dans un espace extrêmement réduit, non par la qualité du renseignement obtenu sous la torture. Comme l’historien John Keegan l’écrit dans sa récente étude...

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Histoire de la guerre d’Algérie de Le précédent algérien

ARTICLE ISSU DU N°5

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