Le petit théâtre de Shoji Ueda

Le lecteur déambule dans le « plus beau livre photo de l’année 2015 » un peu comme dans un monastère bouddhiste. Il y trouve la même sensation de sérénité et d’enchantement, que le grand photographe japonais fait naître par son sens époustouflant de l’épure.

Un petit garçon qui fait du patin à roulettes le long d’un quai ouvert sur l’infini, un téléviseur cassé que lèchent les vagues, quatre enfants absorbés dans l’observation d’un nuage… Il y a souvent, dans les images de Shoji Ueda, la mer, le ciel, la lumière, et une forme d’énigme. Une étrangeté simple dont on ne saurait dire à quoi elle tient, mais dont il émane une étonnante sérénité. Est-ce parce que « les personnages, le plus souvent sans expression, participent à un rituel du bonheur d’être ensemble et de deviner le chant de la mer », comme l’écrit le poète Gil Pressnitzer ? Quoi qu’il en soit, les photographies de Shoji Ueda paraissent saisir une réalité décalée, dans laquelle la solitude est enchantée et qui évoque irrésistiblement les monastères bouddhistes. L’expression « force contemplative » va comme un gant à ce photographe de l’épure et de la proximité à la fois. Car la « ligne subtile » qu’on lui attribue parfois (titre d’une exposition de la Maison européenne de la photographie) n’est pas l’expression d’une beauté graphique froide et distante....
LE LIVRE
LE LIVRE

Ueda de Shoji Ueda, Chose commune

ARTICLE ISSU DU N°73

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