Le Navalny chinois
Publié en janvier 2025. Par Books.
Comme Alexeï Navalny, il aurait pu quitter son pays, où il risquait d’être emprisonné à vie. Comme son homologue russe, il a préféré rester. Et est emprisonné, peut-être à vie. Jimmy Lai aurait pu fuir Hong Kong d’autant plus facilement qu’il a un passeport britannique et est milliardaire. Né à Canton vers 1948, ayant fui la famine et le régime communiste à l’âge de 12 ans, il fit tous les métiers avant de faire fortune dans le vêtement puis dans les médias. Il n’était ni un tendre ni une sainte nitouche. Certains de ses employés le surnommaient le « président Mao qui parle anglais », rappelle The Economist. L’un de ses journaux pro-démocratie qu’il a lancés lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, Apple Daily, était aussi un guide des prostituées hongkongaises.
Un tantinet hagiographique, la biographie qui lui est consacrée par Mark Clifford, l’un de ses anciens adjoints dans son groupe de médias, n’en est pas moins exacte sur l’essentiel. Cet ancien agnostique tardivement converti au catholicisme est devenu la principale épine dans le pied des autorités chinoises. Arrêté en juin 2020, il est resté en prison depuis lors, le plus souvent dans l’isolement. Ouvert en décembre 2023, son procès s’éternise. Lai est un libéral dans les trois sens du terme, explique Clifford dans un entretien au Diplomat, un mensuel consacré aux affaires asiatiques : « liberté économique, liberté politique, liberté spirituelle ». Avant son arrestation, il dit à ses associés : « je préfèrerais être pendu à un lampadaire à Central [le quartier d’affaires de Hong Kong ] plutôt que de laisser au Parti communiste la satisfaction de dire que je me suis enfui ». Donald Trump prétend être « sûr à 100 % » qu’il fera sortir Lai de prison. L’intéressé le souhaite-t-il ?