Le mythe de la sixième extinction

Amplifiée par les médias, la rumeur d’une sixième grande extinction des espèces, provoquée par l’homme, est prise pour argent comptant. Elle ne résiste pourtant pas à l’examen. Non seulement la nature a plus d’un tour dans son sac, mais un certain nombre d’initiatives humaines permettent aujourd’hui à la biodiversité de reprendre le dessus.


©Tui De Roy/Minden Pictures/Corbis

Les tortues des îles Galápagos, réputées en danger, se reproduisent en toute quiétude. On en comptait 3 000 en 1974 ; elles sont aujourd'hui plus de 19 000.

Le grand public entend presque toujours parler de la préservation des espèces sur le mode : « Le [nom de l’animal bien-aimé] est menacé d’extinction. » Cela fait des titres affriolants dans les médias mais détourne des vrais enjeux. Car, en l’occurrence, le principal problème ne réside pas dans la disparition totale d’espèces mais dans le déclin parfois vertigineux de populations d’animaux sauvages, qui affecte souvent des écosystèmes entiers. Envisager la question de la conservation uniquement sous l’angle du risque d’extinction est simpliste et généralement hors de propos. Pire, cela introduit une dimension émotionnelle qui fait paraître le problème incommensurable et écrasant alors qu’il est le plus souvent local et soluble. Beaucoup pensent que nous sommes au beau milieu d’une « sixième extinction de masse » provoquée par l’homme, comparable à celle qui a anéanti les dinosaures il y a soixante-six millions d’années. Mais ce n’est pas le cas. Les cinq précédentes grandes extinctions ont éliminé 70 % des espèces, voire davantage, en un laps de temps relativement court. Nous ne sommes pas face à un phé...
LE LIVRE
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La Sixième Extinction. Comment l’homme détruit la vie de Elizabeth Kolbert, Vuibert, 2015

ARTICLE ISSU DU N°73

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