Le mot de trop
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Olivier Postel-Vinay.
On doit au génie de la langue anglaise d’avoir inventé l’expression cancel culture – culture de l’annulation, de l’effacement, de l’oblitération, de l’annihilation… Elle est née, semble-t-il, en 2019 d’une épidémie de messages sur les réseaux sociaux visant à ostraciser des personnes ayant pignon sur rue qui avaient écrit ou tenu des propos jugés soit racistes, soit désobligeants à l’égard de tel ou tel groupe pouvant se considérer comme une victime de la société ou de l’Histoire.
Antérieur à l’expression, le phénomène se traduit par diverses formes d’exclusion entraînant le licenciement ou la démission des personnes visées. Née aux États-Unis, où elle a pris l’ampleur d’une épidémie, la cancel culture est maintenant bien établie au Royaume-Uni et tend à se répandre en France et ailleurs.
Que les sociétés malades désignent des boucs émissaires et, faute de les tuer, les emprisonnent ou...