Le modèle asiatique
Publié dans le magazine Books n° 32, mai 2012. Par Ha-Joon Chang.
Les économies africaines ne sont pas condamnées à végéter pour de prétendues raisons « structurelles ». Le modèle dit de « l’Asie orientale » pourrait bien s’appliquer au continent, puisque tous les pays aujourd’hui riches l’ont à l’origine suivi.
Malgré la progression de son taux de croissance au cours des dernières années, sur fond d’envolée du cours des matières premières, le revenu par habitant en Afrique subsaharienne est actuellement à peine supérieur à ce qu’il était en 1980. Le problème, selon l’opinion dominante, n’est pas seulement que la région n’est pas parvenue à se développer, mais que cet échec est dû à des facteurs naturels et historiques qu’il est impossible de modifier : un climat tropical, le grand nombre de pays enclavés, un effet de « mauvais voisinage » (être entouré de pays pauvres et déchirés par les conflits), la « malédiction des ressources naturelles (1) », la diversité ethnique, la médiocrité des institutions, une « mauvaise » culture et tutti quanti. Si cette vision « structurelle » est juste, le seul moyen pour l’Afrique de sortir de la pauvreté...