Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010. Par Tana de Zulueta.
Les opérations de contrôle international menées récemment lors des élections en Afghanistan ont confirmé des anomalies, conduisant à l’organisation d’un second tour… qui n’a pas eu lieu. Mais le continent sur lequel nous disposons du meilleur recul pour juger de l’efficacité de l’observation électorale est l’Afrique. L’économiste britannique Paul Collier passe au peigne fin notre expérience en la matière. Sa conclusion est pessimiste. Quand elles sont imposées de l’extérieur, les élections, même contrôlées, ne servent à rien. Opinion partagée, avec des réserves, par la députée italienne Tana de Zulueta, qui a participé à plusieurs missions.
Peut-on exporter la démocratie ? S’il s’agit de forcer par les bombes la route qui mène aux urnes, la réponse quasi unanime, au regard du désastre irakien, est : « non ». Après la catastrophique politique extérieure de Bush, les velléités d’intervention militaire au nom d’objectifs louables – par exemple, destituer un méchant dictateur – ont été enterrées. Mais il existe une forme plus molle d’ingérence démocratique, largement pratiquée à l’échelle internationale : les missions d’observation électorale menées par des institutions telles que l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Leur vocation : offrir aide et soutien aux jeunes démocraties, mais aussi évaluer la crédibilité des gages politiques donnés par leurs gouvernements. Un jeu auquel les dirigeants se prêtent en échange de la légitimation internationale, et des aides qui en découlent.
De cela, on parle peu. Les reportages publiés à l’occasion des élections en Afrique ou dans les Balkans, par exemple, ne mentionnent que brièvement le verdict des « observateurs internationaux », positif dans la plupart des cas ; il n’y...