Publié dans le magazine Books n° 29, février 2012. Par Don Peck.
La paupérisation des classes moyennes est devenue un problème crucial, notamment aux États-Unis. Pour inverser la tendance, il faut favoriser l’innovation, agir sur la formation, subventionner les emplois à bas salaires et taxer davantage les riches.
En octobre 2005, trois experts de Citigroup publièrent un rapport sur le schéma de croissance des États-Unis. Pour vraiment comprendre l’avenir de l’économie et de la Bourse, disaient-ils, mieux valait d’abord reconnaître la réalité : cet animal qu’on appelle le « consommateur américain » n’existe pas et les concepts d’endettement « moyen » et de dépense « moyenne » sont extrêmement trompeurs. Selon eux, l’Amérique est en fait composée de deux groupes bien distincts : les riches, et les autres. Or, en matière de décisions d’investissement, la seconde catégorie n’a aucune importance ; surveiller ses habitudes d’achat ou s’inquiéter de son taux d’épargne relève de la perte de temps. Tout, dans l’économie américaine, se passe au sommet : les 1 % les plus riches gagnent autant que les 60 % d’Américains du bas de l’échelle ; leur patrimoine est égal à la richesse cumulée de 90 % de la population ; et chaque nouvelle année voit passer entre leurs mains et tomber dans leurs poches une part un peu plus grande du trésor national. Cette couche sociale détient, à elle seule ou presque, la clé de...