Le Jean-Jacques Goldman allemand

En France, personne ou presque n’en a jamais entendu parler. En Allemagne, c’est l’équivalent d’un Jean-Jacques Goldman, un chanteur dont la popularité a traversé les décennies. Herbert Grönemeyer fait désormais l’objet d’une biographie qui, dès sa parution, a pris place parmi les meilleures ventes outre-Rhin. Elle a la particularité d’avoir été écrite par un vrai écrivain, Michael Lentz, lauréat en 2001 du prestigieux prix Ingeborg-Bachmann, auteur, par ailleurs, d’une thèse sur la poésie sonore, professeur à l’université de Leipzig et ami du chanteur.


Lentz retrace le parcours de Grönemeyer qui s’est d’abord fait connaître du grand public en tant qu’acteur dans le film culte Das Boot, sorti en 1981. Ce n’est que trois ans plus tard, après quatre albums passés inaperçus, que le cinquième, 4630 Bochum, le propulse sur le devant de la scène musicale allemande. Il s’en écoule 2,5 millions d’exemplaires, ce qui, à en croire Wikipédia, en fait le troisième album le plus vendu de l’histoire allemande. Lentz raconte des anecdotes inédites : comment, par exemple, ainsi qu’il le rapporte dans un entretien à la Südwestrundfunk, le jeune Grönemeyer, grâce à sa très bonne technique vocale, « pouvait faire semblant de chanter en anglais » ou en français, sans rien comprendre aux paroles. Il dévoile aussi les secrets de fabrication du chanteur, qui ne met pas ses textes en musique, mais en texte une musique qui lui préexiste. « Les sons disent et racontent déjà quelque chose, souvent l’essentiel. Il en résulte une ambiance, une image, une atmosphère. Le texte explique ensuite, exécute, complète et s’adapte en étant lié à des contraintes formelles comme la mesure et le nombre de syllabes, le rythme et les unités de temps. »


Au bout du compte, Lentz propose une analyse en profondeur de l’œuvre de Grönemeyer, peut-être un peu trop, à en croire Ina Beyer dans une critique parue sur le site de la Südwestrundfunk. L’ouvrage suppose, d’après elle, « un lecteur hautement résistant à la théorie musicale ». Heureusement, note-t-elle, il existe une solution pour alléger cette lecture parfois un peu ardue : « l’entrecouper de temps à autre d’une chanson de Grönemeyer ».

LE LIVRE
LE LIVRE

Grönemeyer de Michael Lentz, S. Fischer, 2024

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