Publié dans le magazine Books n° 49, décembre 2013. Par Rebecca Mead.
Qui ne rêve de travailler peu, jouir sans entraves, avoir un corps d’enfer et devenir riche ? Un jeune Californien, champion de boxe chinoise par K.-O. technique, japonisant et stoïcien autoproclamé, est devenu milliardaire en affirmant détenir la clé d’un nouvel art de vivre. En quelques livres, Tim Ferriss a envoûté les lecteurs du monde entier. Il incarne jusqu’à la caricature une époque qui s’est donné pour mystique un « fabrique-toi toi-même » aussi exaltant qu’angoissant.
Timothy Ferriss, auteur de livres de développement personnel, a récemment organisé une soirée à San Francisco, ville où il habite. Officiellement, il ne s’agissait pas de fêter la sortie de son dernier livre à ce jour – 4 heures par semaine pour un corps d’enfer. Perte de poids, performances sexuelles : comment devenir un surhomme (1) – au succès spectaculaire. Un livre où Ferriss enjoint à ses lecteurs de « tailler dans le gras » et leur propose des centaines de « règles scientifiques pour redessiner le corps humain », comme prendre des bains de glaçons pour perdre du poids ou manger du beurre d’amandes bio sur des bâtons de céleri contre l’insomnie. La soirée n’était pas davantage censée célébrer le succès ininterrompu de son premier livre,
La Semaine de 4 heures. Ouvrage où Ferriss invite le lecteur à s’informer en se contentant de parcourir les titres visibles derrière la vitre des distributeurs automatiques de journaux et à sous-traiter la gestion de son agenda et de ses finances à un secrétariat à distance de Bangalore.
En s’emparant ce soir-là du micro, dans la salle louée pour l’occasion des « Broadway Studios »...