Mohammed Ennaji: « Le Coran sacralise les rapports de sujétion »
Publié dans le magazine Books n° 10, novembre-décembre 2009.
L’analyse des rapports de sujétion et d’esclavage dans les textes des jurisconsultes de l’islam jette une lumière crue sur les relations entre pouvoir et religion dans le monde arabe.
Mohammed Ennaji est professeur de sociologie à l’université Mohammed-V de Rabat.
Est-il exact que, pour tous les musulmans, le Coran est un texte entièrement révélé par Dieu ?
Tout à fait. La question de l’origine du Coran ne se pose même pas. Le Coran est perçu comme une révélation, le texte est considéré comme non discutable.
Un peu comme pour les fondamentalistes chrétiens ?
Sauf que ce ne sont pas seulement les fondamentalistes musulmans qui pensent ainsi, c’est l’ensemble de la société musulmane. Dans les pays musulmans l’islam est placé au-dessus de toute forme de raison. Censé tout expliquer, il est en dehors de l’histoire.
N’y a-t-il pas tout de même aujourd’hui un mouvement de réflexion historique sur le Coran, y compris dans le monde musulman ?
Cela reste très marginal. Dans la pratique, le consensus est général et les intellectuels n’osent guère le bousculer. Bien peu nombreux...