Publié dans le magazine Books n° 17, novembre 2010. Par Anthony Daniels.
Loin de ce que l’on cherche à faire croire aux élèves de collège, la nouvelle de Flaubert n’est pas un récit ironique sur les croyances grotesques d’une pauvre fille de la campagne. C’est une émouvante et superbe leçon d’empathie. Le témoignage d’une faculté perdue, celle de se projeter dans l’imaginaire d’un autre qui vous est étranger.
Dieu sait pourquoi, ma femme (qui est Parisienne) aime que je lui fasse la lecture en français. J’ai entendu beaucoup de Britanniques parler français et j’ai du mal à croire qu’un accent anglais puisse ne pas être pénible à l’oreille d’un autochtone. Et même si je ne pense pas être le pire de mes compatriotes, le mien ne fait pas exception à la règle. Mais les goûts et les couleurs ne se discutent pas, et ma femme adore mon accent.
Nous avons lu ensemble toutes sortes de livres, des ouvrages de référence sur l’affaire Dreyfus à la biographie du plus grand tueur en série français du début du XXe siècle, Henri Landru. C’est d’ailleurs cette dernière lecture qui m’a incité à formuler ce qu’on pourrait appeler une loi du meurtre en série : dans le monde anglo-saxon, on tue pour le sexe ; en terre franque, on tue pour l’argent. Et quoi de plus normal, puisque les Anglo-Saxons sont hypocrites en matière de sexe, et les Français en matière d’argent ? Je laisse à mes lecteurs le soin de dé...