Publié dans le magazine Books n° 30, mars 2012. Par Hiroshi Kainuma.
Si l’establishment politique et industriel japonais a placé l’énergie nucléaire au cœur de la croissance de l’après-guerre, ce fut avec la bénédiction de la population. Il faudra bien plus qu’un tsunami pour changer la donne.
À l’origine de ce livre, il y a mon travail, intitulé « L’énergie de la croissance d’après-guerre : étude sociohistorique du lobby nucléaire ». Quand j’ai entrepris mes recherches sur les acteurs de l’atome, cette confrérie qui a fourni l’énergie nécessaire à la croissance de l’après-guerre, je suis allé à Rokkasho-mura (1). Je ne connaissais de ce village que l’image qu’en donnaient les mouvements de protestation contre le transport des déchets. Et je m’étais imaginé les habitants tolérant à contrecœur les installations nucléaires. C’est une réalité très différente que j’ai découverte sur place. Car j’ai rencontré dans la population ce qui ressemble à un sentiment de bonheur :
« Je suis pleinement conscient que Gennen (Nihon Gennen, Japan Nuclear Fuel Ltd.) m’a sauvé. »
« Avant, je devais partir travailler loin d’ici pendant plus de la moitié de l’année. Depuis la construction de ces installations, je peux vivre et travailler au même endroit. »
« C’est devenu notre lieu de travail et notre lieu de vie. J’en suis vraiment reconnaissant. »
J’ai entendu ce genre de témoignages des centaines de fois...