L’avenir des livres

Le 1er novembre 2003, Alexandrie accueillait le romancier et savant Umberto Eco, qui a donné dans la nouvelle Bibliotheca Alexandrina une conférence en anglais sur les variétés de mémoire littéraire et géographique. En voici le texte complet.


Bibliotheca Alexandrina, Egypte, 2004 / Dennis Jarvis
Nous avons trois types de mémoire. La première est organique : une mémoire de chair et de sang, celle qu’administre notre cerveau. La deuxième est minérale et, en ce sens, l’humanité a connu deux espèces de mémoire minérale : il y a des millénaires de cela, c’était la mémoire représentée par les tablettes d’argile et les obélisques, bien connus dans ce pays, sur lesquels on gravait les textes. La mémoire électronique de nos ordinateurs, fondée sur le silicium, relève aussi de ce deuxième type de mémoire. Nous avons aussi connu une troisième sorte de mémoire, la végétale, celle que représentent les premiers papyrus, là encore bien connus dans ce pays, puis les livres en papier. Que l’on me permette d’oublier qu’il fut un temps où le vellum des premiers codex était d’origine organique, et que le premier papier était fait non pas de bois, mais de peaux. Par souci de simplicité, qu’on me permette de parler de mémoire végétale pour désigner ces livres. Ce...

ARTICLE ISSU DU N°7

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