Publié dans le magazine Books n° 28, décembre 2011 - janvier 2012. Par Hamid Taoulost.
Dans des sociétés où le sexe est tabou, les jeunes romancières font de l’érotisme l’étendard de la libération. Dénonçant l’hypocrisie générale, elles renouvellent un genre longtemps réservé aux hommes. Y compris dans les pays les plus conservateurs, comme l’Arabie saoudite.
Les intellectuels arabes se sont saisis, ces dernières années, de la florissante production littéraire féminine, en étudiant ses diverses manifestations et particularités, notamment le phénoménal essor des œuvres érotiques – genre jusqu’à présent réservé aux hommes. Tandis que les milieux populaires jugent scandaleux ces ouvrages, véritable incitation à la débauche, la masturbation, l’adultère voire l’homosexualité, il existe des amateurs pour apprécier le côté divertissant de ces récits façon
Mille et Une Nuits, contés par de nouvelles Shéhérazade et réservés à l’intimité des alcôves. Certains critiques rappellent, pour leur part, le caractère impur des sujets abordés, mais saluent une écriture raffinée aux structures élaborées. Beaucoup y voient surtout la renaissance d’une vieille tradition littéraire, dont l’ambition est toujours allée bien au-delà de la simple excitation.
D’aucuns font remonter l’apparition du thème sexuel dans les récits contemporains à la publication, en 1972, du roman autobiographique du Marocain Mohamed Choukri,
Le Pain nu (1). Il y raconte ses expériences avec des prostituées, le viol dont, adolescent,...