Publié dans le magazine Books n° 19, février 2011. Par Bernard Porter.
Comment un pays né des persécutions nazies a-t-il pu s’allier à un régime raciste ? Israël et l’Afrique du Sud ont entretenu, dans les années 1970 et 1980, d’intenses relations commerciales et militaires. L’État juif serait allé jusqu’à proposer des armes nucléaires à Pretoria. Alliance immorale ou realpolitik bien comprise de la part de ces deux États parias ?
En révélant qu’Israël aurait proposé de vendre des armes nucléaires à l’Afrique du Sud de l’apartheid, le livre de Sasha Polakow-Suransky,
The Unspoken Alliance, a beaucoup attiré l’attention lors de sa sortie aux États-Unis en mai 2010. Les faits sont anciens, mais ils ne peuvent aujourd’hui qu’embarrasser Israël, surtout à la veille de négociations au sommet sur la non-prolifération nucléaire au Moyen-Orient (1). D’où l’empressement du président Shimon Pérès à démentir ces allégations, et il sait
a priori de quoi il parle : si une telle proposition a été formulée, il était nécessairement au courant, en tant que ministre de la Défense de l’époque et architecte du programme nucléaire militaire du site de Dimona, le premier centre de recherche atomique du pays.
L’accusation repose essentiellement sur des déclarations ambiguës figurant dans le compte rendu d’une rencontre entre les hauts responsables de la défense des deux pays, le 31 mars 1975. Elle est renforcée par une note, datée du même jour, où le chef d’état-major de l’armée sud-africaine...