L’âge d’or des espions russes

Leurs motivations ont bien changé. Dans les années 1920 et 1930, c’était la perspective de répandre le communisme dans le monde. Aujourd’hui, ce sont le confort et les avantages du pays où ils opèrent. Mais les agents clandestins restent la grande spécialité russe.

 


© Sergei Milashov

Dimitri Bystroletov en mission de reconnaissance en Suisse autour de 1934. Recruté par les services soviétiques dans les années 1920, il séduisait les secrétaires et les épouses de diplomates.

L’homme d’affaires suisse Charles Émile Martin et son associé américain Cy Oggins ont dû sembler un duo bien énigmatique à ceux qui les ont croisés en 1935, dans le Mandchoukouo occupé par les Japonais. Oggins est un homme distingué au visage taillé à la serpe, avec des costumes de bonne coupe et un penchant pour les cannes à pommeau d’argent. Il semble s’y connaître en antiquités asiatiques et se présente parfois comme marchand d’art. Martin est plus discret ; il préfère les cravates ordinaires et les gabardines, même si sa femme Elsa a un faible pour les sacs à main de luxe et les fourrures. Les deux hommes sont polyglottes et possèdent un réseau de contacts étendu quoique flou en Europe. Travaillant en lien avec un homme d’affaires milanais, ils sont venus en Mandchourie pour vendre des avions et des automobiles Fiat aux ­Japonais. À l’époque, Mussolini courtise le régime nippon – il vient d’envoyer en Mandchourie une mission fasciste italienne de bons offices –, et l’affaire semble en bonne voie. Fin 1937, le gouvernement impérial japonais achète 72 avions italiens, et l’attaché militaire japonais à Rome se fé...
LE LIVRE
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Deception: Spies, Lies and How Russia Dupes the West de Edward Lucas, Bloomsbury, 2013

ARTICLE ISSU DU N°84

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