L’Afrique n’est pas vouée à la corruption
Publié dans le magazine Books n° 8, septembre 2009. Par Bernard Porter.
L’Afrique est devenue le continent déprimant par excellence, invariablement synonyme de corruption, de tribalisme et de violences atroces, dictées par une sorte de malédiction culturelle : « Que voulez-vous ? C’est l’Afrique ! » Ce fatalisme mâtiné d’indifférence indigne la journaliste Michela Wrong. Dans un livre que juge remarquable l’historien Bernard Porter, elle part en guerre contre les stéréotypes qui emprisonnent le continent dans des logiques politiques toxiques. Les maux imputés à une soi-disant « culture africaine » ne sont pas spécifiques de ce continent. L’Afrique n’est pas plus que les autres vouée au pire. Encore faut-il en finir avec un anti-impérialisme de pacotille, prompt à faire de la « tradition » l’alibi du mauvais gouvernement. C’est bien l’intention d’une nouvelle génération d’Africains, au premier rang desquels le héros du livre, John Githongo. Cet ancien dirigeant kenyan a payé au prix fort son acharnement à dénoncer la corruption de son propre camp. Il est la preuve vivante qu’une autre Afrique est possible.