L’Afrique au cœur d’un débat houleux
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Siddhartha Mitter.
Au-delà des « bronzes du Bénin », c’est toute la question de la restitution des œuvres d’art provenant de l’Afrique subsaharienne qui fait aujourd’hui débat. À l’issue d’un rapport en forme de plaidoyer, Emmanuel Macron a surpris en prenant une position en flèche. Mais, après un départ enthousiaste, des signes de rétropédalage se font jour. Que faut-il en penser ?
Il fut un temps où la restitution des objets et œuvres d’art dérobés aux pays d’Afrique à l’époque coloniale semblait sur le point d’entrer dans les mœurs. En 1978, Amadou-Mahtar M’Bow, alors directeur général de l’Unesco, plaidait pour que soient rendus aux peuples africains non pas toutes les œuvres figurant dans les collections occidentales, mais « au moins les trésors d’art les plus représentatifs de leur culture, ceux auxquels ils attachent le plus d’importance, ceux dont l’absence leur est psychologiquement le plus intolérable ». Il ajoutait : « Cette revendication est légitime ».
Sa parole avait été entendue. En France, Roger Gicquel, présentateur vedette du journal télévisé, n’hésitait pas à expliquer au 20-heures que la restitution, nécessaire à la préservation des identités culturelles, était la bonne démarche à adopter. En 1982, le gouvernement français commandait une étude à Pierre Quoniam, ancien directeur du Louvre. Ses conclusions qualifiaient la restitution d’« acte d’équité et de solidarité » découlant d’un « ...