Publié dans le magazine Books n° 70, novembre 2015. Par Will Wiles.
Votre sang dégouline d’une plaie infectée, vous n’avez pas de vrai moyen de défense contre vos assaillants, vos provisions pourrissent, la faim vous tenaille – vous êtes en échec, et, si vous ne faites rien, la mort survient, espérée parfois. Voilà les ressorts des nouveaux jeux vidéo, dont le marché a explosé depuis 2013. Que disent-ils de notre époque ? D’où vient cette attirance pour l’apocalypse ?
Blanche et silencieuse, la mort est en train de tout réduire à néant. Pendant des années, les vingt et quelque familles de ce hameau en bord de rivière avaient mené des vies certes difficiles, mais qui allaient s’améliorant. La forêt alentour avait été défrichée, les eaux exploitées pour la pêche, des cultures plantées et des maisons construites. Une naissance après l’autre, la communauté s’était agrandie. De temps en temps, un bateau de commerce descendait la rivière. En dehors de cela, le reste du monde ne s’immisçait pas et les habitants ne cherchaient guère à y jouer un rôle. La crise survint rapidement, presque sans crier gare : d’abord, un été de disette, car les stocks de l’année précédente avaient été épuisés des semaines avant la moisson ; et, à présent, un hiver désastreux. Sous le manteau de neige, les villageois meurent maintenant de faim. Faible et décimée, la population ne parvient plus à abattre suffisamment d’arbres pour entretenir la réserve de bois. Elle meurt donc aussi de froid. Les bruits du labeur s’estompent....