La vie devant soi

Chacun de nous a toutes les raisons d’éprouver une peur panique de la mort. C’est pourtant bien elle qui donne l’essentiel de son sens et de sa saveur à la vie. De ce point de vue, seule la perspective d’une extinction de l’espèce devrait vraiment nous terrifier, affirme un philosophe. Car, sans un prolongement dans cette éternité collective qu’est l’avenir de l’humanité, la plupart de nos entreprises perdraient toute valeur. Une thèse inédite, et controversée.

Nous allons tous mourir, et le monde continuera sans nous. Ces deux faits évidents exercent une influence puissante, quoique souvent imperceptible, sur les valeurs qui gouvernent notre vie et les objectifs qui la structurent. C’est cette influence que Samuel Scheffler explore dans un livre d’une grande originalité. La « vie future » à laquelle le titre fait référence n’est pas celle de l’individu. Il ne s’agit pas de la poursuite de l’existence sous une autre forme, après la mort. L’auteur ne croit pas en la vie éternelle de chacun, et s’interroge dans une partie de l’ouvrage sur la manière dont nous devrions envisager notre propre condition de mortel si la tombe est bien la destination finale de l’existence. Mais son principal sujet de préoccupation, c’est ce qu’il appelle la « vie future collective », c’est-à-dire la survie et le renouvellement permanent de l’espèce humaine après notre mort – non seulement la vie future des personnes déjà nées, mais aussi celle des êtres qui naîtront longtemps après notre trépas. Scheffler soutient qu’elle a pour nous une immense importance (davantage, à...
LE LIVRE
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La mort et la vie future de La vie devant soi, Oxford University Press

ARTICLE ISSU DU N°59

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