Publié en mai 2014. Par Jerome Groopman.
Partisans et adversaires du hasch ont enfermé nos sociétés dans un débat caricatural. Ni ange ni démon, la marijuana est une substance dont les effets attestés renvoient dos à dos les idéologues des deux camps. Après des décennies de recherche, nul ne peut plus nier ses effets nocifs, à commencer par la dépendance ; ni ses nombreuses vertus médicinales. Une légalisation bien menée faciliterait non seulement le travail des médecins, mais permettrait aussi de lutter contre les conséquences, totalement délétères, elles, du trafic.
À l’été 2006, j’ai accueilli dans mon laboratoire un jeune universitaire israélien qui voulait comprendre comment les virus attaquent les cellules – c’est l’un de mes grands sujets de recherche. De mon côté, j’étais intéressé par son expérience dans un nouveau domaine scientifique qui m’intriguait : les effets biologiques des cannabinoïdes, le principal composé actif de la marijuana. Le chercheur avait été formé à la Hebrew University de Jérusalem par le professeur Raphael Mechoulam, le chimiste qui a découvert en 1964 le delta-9 tetrahydrocannabinol (THC), le composé psychoactif de la marijuana. Raphael Mechoulam avait ensuite isolé le cannabidiol (CBD), une substance similaire, présente en abondance dans la plante, mais différente du THC en ce qu’elle ne produit aucun effet notable sur l’humeur, la perception, l’attention, l’éveil ou l’appétit.
Les travaux du jeune chercheur se révélèrent productifs. Il testa aussitôt les effets de plusieurs cannabinoïdes sur un virus de l’herpès qui stimule le développement du sarcome de Kaposi, une tumeur qui défigure et entraîne souvent la mort des personnes immunodéficientes, comme celles souffrant du sida....