Publié dans le magazine Books n° 65, mai 2015. Par Matthias Schulz.
Moïse n’a pas reçu les Tables de la Loi sur le mont Sinaï, mais sur un volcan de la péninsule Arabique. Sous réserve que Moïse ait jamais existé. Les Hébreux sont issus d’un peuple de Bédouins des abords de la mer Rouge. Et le glorieux roi David était un brigand sans scrupule… Les dernières découvertes archéologiques obligent à revoir de fond en comble nos connaissances sur l’invention du monothéisme et les origines d’Israël.
Les esprits des volcans sont, comme on peut l’imaginer, colériques et très susceptibles. D’Hawaï jusqu’en Indonésie, les cheminées magmatiques passent pour les trônes de puissances irascibles. Le forgeron Héphaïstos fait jaillir des étincelles de l’Etna. Pour apaiser l’être qui habite à l’intérieur du mont Fuji, on lui construisit un sanctuaire dès 27 avant notre ère.
Or le Dieu d’amour des chrétiens n’est pas si différent. Certes, le héros de la Bible est passé par un long processus d’anoblissement religieux et philosophique. Mais, dans l’Ancien Testament, il peut se montrer assez mal luné. Yahvé fait trembler la Terre et fondre le sommet des montagnes comme de la cire, lit-on dans le psaume 97. Il apparaît tantôt comme une colonne de flammes, tantôt comme un « feu dévorant ». Et voilà que, de nouveau, tout le mont Sinaï se met à brûler, « car le Seigneur y était descendu au milieu du feu ; cette fumée s’élevait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence » (Exode 19, 18) (1). Des chercheurs comme le physicien britannique Colin Humphreys plaident...