La trop belle Artemisa
Publié en mai 2024. Par Books.
Artemisa, une très belle femme d’origine grecque, vit dans Los Abismos, un village perdu dans les montagnes mexicaines de Veracruz, lieu de naissance de l’auteur : un territoire où jungle primitive et civilisation occidentale forment un équilibre singulier. Artemisa, qui a repris l’entreprise dont elle a hérité, est désirée par tous, vénérée comme une déesse. Mais toute histoire d’amour avec elle est vouée au malheur. Telle celle contée par le narrateur, lorsqu’ils étaient jeunes l’un et l’autre ; et celle qu’elle a engagée avec M. Teodorico, l’homme le plus puissant de l’État de Veracruz, de vingt-cinq ans son aîné. Cet homme violent lui voue un amour obsessionnel. Mais dès les premières pages, Artemisa a noué une autre relation obsessionnelle, plus étrange, avec un taureau. L’auteur projette ici le mythe grec du Minotaure. Pour garantir à Minos son maintien sur le trône de Crète, Poséidon a fait surgir de la mer un superbe taureau blanc, que Minos devait sacrifier. Minos le trouve si beau qu’il lui substitue une autre victime. Poséidon se venge en obligeant la reine Pasiphaé à tomber amoureuse du taureau. Elle s’abandonne à lui, donnant naissance au Minotaure, un être à corps d’homme et à tête de taureau.
« J’aime l’idée que le Mexique et la Grèce soient deux territoires fondés sur le rituel », confie à El Sol de México Jordi Soler, qui vit à Barcelone. Son message tient cependant surtout à la personnalité d’Artemisa. Elle est « une femme du XXIe siècle », explique-t-il, en ce sens qu’elle traduit l’émancipation des femmes, une évolution qui ne doit rien à leur beauté. Mais « on ne peut ignorer que la beauté d’une femme est source de pouvoir, que ce pouvoir existe et fait bouger le monde. Il y a des femmes qui accomplissent des choses extraordinaires grâce à leur beauté, des choses qu’elles n’auraient pas accomplies si elles n’avaient pas été belles ».