La théorie de l’évolution ébranlée
Publié en février 2025. Par Books.
Le progrès des sciences se fait en changeant de paradigmes, soutenait le physicien américain Thomas Kuhn. C’est peut-être ce qui est en train de se produire dans le monde des spécialistes de l’évolution des espèces. Dans la nature, certaines populations de poissons d’aquarium tétra Astyanax mexicanus vivent dans des cavités où la lumière ne pénètre pas. Ils sont aveugles. D’autres vivent en surface et voient. Si on plonge ces derniers dans une obscurité totale pendant deux ans, ils deviennent aveugles et leur métabolisme corporel se modifie pour s’adapter à ce nouvel environnement. Des scientifiques tirent argument de ce genre d’expérience pour affirmer que la théorie de l’évolution telle qu’elle est actuellement enseignée est incomplète. À la sélection naturelle, fondée sur des mutations aléatoires, il faut selon eux ajouter un facteur essentiel : la façon dont l’environnement dans lequel l’organisme se développe est susceptible de modifier l’expression de ses gènes, et cette modification peut se transmettre aux générations suivantes. C’est dire que « de nouveaux caractères n’apparaissent pas par hasard. Certains ont plus de chances de se manifester que d’autres et des ensembles de caractères peuvent apparaître en même temps », écrit la philosophe des sciences Eva Jablonka dans la revue Nature. Dirigé par Kevin Lala, de l’université de St Andrews en Écosse, l’ouvrage collectif qui étaye ce point de vue révolutionnaire « représente une voie nouvelle permettant d’unifier les sciences de la vie », estime-t-elle.