Publié dans le magazine Books n° 22, mai 2011. Par Adam Kirsch.
À l’apogée du fascisme, alors que l’Italie adopte une série de lois antisémites, quelques dizaines de paysans catholiques du bourg de San Nicandro se convertissent au judaïsme. Vingt ans après, ils émigrent en Israël.
L’histoire que raconte John Davis illustre à merveille ce vieil adage : « La réalité dépasse la fiction. » Qui peut croire qu’un groupe de quelques dizaines de paysans catholiques italiens ont décidé de se convertir au judaïsme sous le régime fasciste, qu’ils ont continué à se dire juifs alors même que l’Italie adoptait des lois antisémites, qu’ils ont pris contact avec des soldats juifs de Palestine servant dans l’armée britannique qui avait envahi le sud de l’Italie pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’enfin, après vingt ans de dévouement et d’épreuves, ils ont subi la circoncision rituelle pour émigrer vers l’État d’Israël nouvellement créé ? C’est pourtant ce qui s’est produit à San Nicandro, bourgade de la région déshéritée du Gargano, en Italie méridionale.
Les Juifs de San Nicandro représentent, écrit Davis, « le seul cas de conversion collective au judaïsme dans l’Europe moderne ». Pourquoi est-ce arrivé à ce moment précis, aux heures les plus sombres, et dans une région où ne résidait aucun Juif ? La réponse tient au génie religieux –...