Publié dans le magazine Books n° 9, octobre 2009. Par Giorgio Barba Navaretti.
Les navires pirates n’étaient pas régis par l’anarchie, mais par un code très strict. Souvent démocratiques, ces coopératives criminelles possédaient l’art de maximiser le profit.
Les commandants des vingt mille navires qui sillonnent chaque année le golfe d’Aden scrutent en permanence l’horizon, craignant l’attaque d’une poignée de pirates somaliens. Mais comment les reconnaître ? Les forbans d’aujourd’hui n’arborent plus le mythique Jolly Roger, ce pavillon noir orné d’une tête de mort et deux os entrecroisés, symbole bien connu des vaisseaux marchands qui parcouraient autrefois les océans. Et c’est tant mieux, direz-vous. Car presque tous les équipages pris en otage par des pirates somaliens ont survécu, alors que le crâne blanc sur fond noir était annonciateur d’une mort certaine… Eh bien ! vous faites erreur. Le Jolly Roger signifiait : « Rendez-vous, cédez votre cargaison et il ne vous sera fait aucun mal. » Pouvait-on se fier à ces hordes de fieffés menteurs sans pitié ? Oui. Il n’y avait rien à craindre, car les pirates étaient guidés par la main invisible de l’
Homo œconomicus d’Adam Smith, ou plutôt, dans ce cas précis, par le crochet invisible du marché. Dans
The Invisible Hook. The Hidden Economics of Pirates (« Le crochet invisible. L’économie souterraine...