La richesse croît, l’inégalité régresse
Publié en avril 2025. Par Books.
« La marée montante soulève tous les bateaux », disait John Kennedy. La formule se vérifie, estime l’économiste suédois Daniel Waldenström. Son livre est le dernier en date des assauts répétés menés contre la thèse du Français Thomas Piketty, pour qui l’inégalité a fortement augmenté ces dernières décennies, lui faisant retrouver le niveau d’avant la Première Guerre mondiale. Waldenström a repris les données de base dans six pays : France, Allemagne, Espagne, Suède, Royaume-Uni et États-Unis. Il en tire deux conclusions essentielles. D’une part, en termes de pouvoir d’achat, la richesse a considérablement augmenté en un siècle, et plus encore depuis 1980 : « Nous sommes aujourd’hui plus de trois fois plus riches en termes de pouvoir d’achat que nous l’étions en 1980 et presque dix fois plus riches qu’il y a un siècle ». D’autre part, les 90 % les moins riches, donc le gros de la population, s’est plus enrichi que l’élite des 1 % les plus riches. Dans la revue qu’il dirige, The Independent Review, l’économiste américain Robert M. Whaples résume ainsi l’une des figures du livre : « Entre 1910 et 2010, la richesse de l’« élite » (les 1 %) a été multipliée par 3 en France, par 8 en Suède, par 16 aux États-Unis et n’a pas augmenté de manière significative au Royaume-Uni. Pendant ce temps, la richesse du « peuple » (les 90 % les moins riches) a été multipliée par 24 en France, par 54 en Suède, par 26 aux États-Unis et par 80 au Royaume-Uni. » L’un des facteurs essentiels de cette évolution, selon Waldenström, est l’accession à la propriété. Whaples insiste de son côté sur le rôle de la sécurité sociale. Si l’on prend en compte ce facteur, écrit-il, l’accroissement des inégalités constaté aux États-Unis depuis 1980 doit être fortement relativisé. Autre enseignement du travail de Waldenström : la proportion de milliardaires qui ont hérité de leur fortune a été presque divisée par deux entre 1980 et 2010, passant de 60 à 35 %.