Publié dans le magazine Books n° 23, juin 2011. Par Frances Wilson.
Souvent enfermées au couvent pour ne pas dilapider, par leur dot, le patrimoine de leurs riches familles, les religieuses italiennes du XVIIe siècle bousculaient singulièrement l’Église.
Les religieuses espiègles dont ce livre raconte l’histoire ne sont pas simplement des têtes de linotte, des feux follets et des pitres : ce sont des héroïnes passées sous silence, qui protestaient contre leur enfermement. De nos jours, quand des femmes se rebellent au sein de l’Église catholique, c’est pour se faire ordonner prêtres ; au XVIIe siècle, leurs méfaits allaient du commerce clandestin de broderies à l’incendie de leur propre couvent, en passant par le chant polyphonique et la magie noire.
Craig Monson est musicologue. Le travail de documentation qu’il a effectué pour ce livre est parti d’une enquête sur le thème débattu de la musique dans les couvents. Les religieuses ont toujours chanté, bien sûr, mais rarement des chansons comme celle-ci : « Vous avez ce petit bibelot, / Si délicieux et agréable. / Puis-je avancer ma main et la glisser / Sous l’aube et la soutane pour le serrer ? » Même quand la musique était plus proche du ciel que de la terre, seul le chant grégorien était toléré : les voix du couvent étaient réservées à...