La revanche de Constance Wilde

L’épouse d’Oscar Wilde ne fut pas la pauvre âme trahie que dit la légende : cette féministe portait le pantalon et cédait aussi à l’adultère. Femme mortifiée par les amours homosexuelles de son mari, elle porta haut sa liberté.

Les héroïnes de tragédie ont la triste habitude de bien porter leur nom. Eschyle accusait Hélène de Troie de « détruire les navires, les hommes, les cités », en jouant sur la racine grecque de son nom, « hel- » (« détruire »). Dans Le Magasin d’antiquités, Dickens annonce la mort de la petite Nell par la sonnerie d’une cloche « battant sans remords » – comme si le fantôme d’un « K » flottait autour du nom de « Nell » [« knell » = le glas]. Le destin de ces femmes est inscrit dans leur vie à l’encre indélébile. Le nom est présage. Constance Wilde est généralement vue de cette manière, en épouse d’une patience à toute épreuve qui resta dévouée à Oscar, même après qu’il fut condamné pour avoir « commis des actes d’une choquante indécence » (entendez : des rapports sexuels consentis) avec d’autres hommes. Ses contemporains le reconnaissaient : la lettre que l’actrice Ellen Terry lui adressa quelques semaines avant le procès commençait par un éloquent « Chère Constance » [en anglais, « Constancy » au lieu du prénom « Constance »]. La popularité...
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Constance : la vie tragique et scandaleuse de Mme Oscar Wilde de La revanche de Constance Wilde, John Murray

ARTICLE ISSU DU N°43

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