Publié dans le magazine Books n° 11, janvier-février 2010. Par Andreas Kilb.
Cet empereur byzantin méconnu est de ceux qui ont façonné l’Europe. Il avait anticipé la division du monde méditerranéen après la chute de Rome. Une nouvelle biographie lui rend justice.
Quand l’Antiquité a-t-elle pris fin ? On pourrait juger la question insoluble, la tradition gréco-romaine n’ayant jamais cessé d’irriguer l’histoire européenne. La définition du moment charnière entre l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge est pourtant depuis des siècles un objet de débat : la date clé est-elle la chute de l’Empire romain d’Occident, en 476, comme le veut la tradition historiographique la plus ancienne ? La conquête arabe, près de trois siècles plus tard, comme le proposa Henri Pirenne (1) ? L’invasion lombarde en Italie, en 568 ? Le règne de l’empereur Justinien, à partir de 527 ? Ou la mort de son successeur Héraclius, en 641 ? Le débat n’est pas clos, mais c’est le VIIe siècle qui semble peu à peu s’être imposé, car « davantage de fils se sont rompus » durant ce siècle que durant tout autre, comme le constate Alexander Demandt dans son livre sur l’Antiquité tardive (2).
Dans sa biographie d’Anastase Ier, qui régna sur l’Empire romain d’Orient de 491 à 518, Mischa Meier ne s’intéresse guère à ce débat. Il joue cependant un rôle décisif dans...