Publié dans le magazine Books n° 78, juillet-août 2016.
Sur les rives de la plus grande baie du monde, les échanges commerciaux, les migrations et les empires ont créé une véritable civilisation cosmopolite dont les traces sont encore bien présentes.
Le golfe du Bengale est l’une de ces zones d’ombre de l’historiographie que l’on ne s’explique pas très bien, tant cette région a été le lieu d’échanges migratoires, sociaux, culturels et politiques majeurs. L’un des cœurs battants du commerce mondial et de l’histoire des empires. L’historien Sunil Amrith, professeur au département Asie du Sud d’Harvard, a entrepris de combler cette lacune en offrant une véritable biographie de cette partie négligée de l’océan Indien, les historiens ayant préféré se consacrer au quart nord-ouest (entre la péninsule Arabique et l’Inde), un choix « surprenant, écrit-il, car les communautés riveraines du golfe du Bengale ont noué davantage de liens que n’importe quelle autre partie de l’océan Indien ».
Géographiquement, le golfe du Bengale part du Sri Lanka, remonte le long de la côte orientale de l’Inde, s’incurve sous le Bangladesh et la Birmanie, puis redescend vers le sud le long de la Thaïlande et de la Malaisie jusqu’à atteindre quasiment la côte nord de Sumatra, en Indonésie. C’est la plus...