La première ivresse des profondeurs

Entre 1840 et 1880, des amateurs un peu fous partent à la découverte des fonds marins. Depuis, la science s’est professionnalisée et l’enchantement a pris fin. Pourtant, 50 millions d’espèces inconnues se cachent toujours dans les eaux inaccessibles de l’océan.

 


©NaturePL/Plainpicture

Les lophiiformes, poissons abyssaux reconnaissables à leurs appâts lumineux, sévissent entre 1 000 et 3 000 mètres de fond.

La plus grande migration de créatures sur Terre part chaque nuit de la « zone crépusculaire », la couche intermédiaire des océans, de 1 000 mètres d’épaisseur, dans laquelle évolue la majorité du vivant. À la tombée de la nuit, des millions de tonnes d’animaux, des plus petits vers sagittaires aux plus grands cétacés, montent vers la « zone euphotique » pour se nourrir en relative sécurité, s’aventurant dans ces eaux moins profondes à la faveur de la nuit pour se gorger de nutriments – et se dévorer entre eux – avant de replonger dans les ténèbres des grands fonds au lever du jour. Pendant quelques courtes heures, les 30 mètres supérieurs des grands océans de la planète grouillent de vie, tels de gigantesques aquariums surpeuplés. Le processus, appelé migration verticale, a été découvert assez récemment. Très peu d’informations sur son fonctionnement exact ont été recueillies à ce jour par les zoologues marins, pour qui une bonne partie de ce qui se passe dans les grandes profondeurs demeure tout aussi mystérieux qu’à la naissance de la science océanographique, au milieu du XIXe siècle. « Les grands...
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Sonder l’océan : la découverte et l’exploration des grandes profondeurs de Helen Rozwadowski, Belknap, 2005

ARTICLE ISSU DU N°78

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