Publié dans le magazine Books n° 72, janvier 2016. Par Arturo Lezcano.
Souffler ses quinze bougies est une tradition pour les jeunes filles d’Amérique latine. Rite de passage à l’âge adulte, cette cérémonie familiale s’est transformée, pour les nouveaux riches, en événement ostentatoire, voire extravagant. Dans un Brésil qui a connu une forte croissance dans les années 2000, les quinzièmes anniversaires représentent aujourd’hui un marché de plus de 3 milliards de dollars.
La lune est pleine et il fait 25 degrés en cette nuit de mi-novembre à Rio de Janeiro. Deux pêcheurs jettent leurs filets dans le canal qui relie l’Atlantique à une lagune naturelle en forme de calebasse, séparant les quartiers de Leblon et d’Ipanema comme s’il était tracé sur papier millimétré. En face, de l’autre côté de la lagune, se découpe la silhouette d’une montagne arborée au sommet de laquelle brille une statue illuminée, les bras en croix : le Christ Rédempteur du Corcovado. La scène a tout de la représentation romantique que l’on se fait des tropiques. Et là, dans cet éden, une fête. Cent mètres à l’est du canal émerge un îlot séparé du continent par une autre petite voie d’eau. Cette portion de terre est la propriété d’un club privé de luxe, le Caiçaras. Pour y accéder, il faut en être membre, c’est-à-dire s’être acquitté d’un versement initial de 110 000 dollars et payer chaque mois une cotisation de 230 dollars. Ou bien on peut bénéficier d’une invitation pour l’un des é...