La mortelle odyssée de Magellan

Marin génial, despotique et mégalomane, Magellan a lancé le premier tour du monde. Mais son arrogance a fait de l’expédition une hécatombe dont seuls 60 hommes sur 260 réchappèrent. Lui-même n’y survécut pas. Par une étrange ironie de l’histoire, c’est donc l’esclave philippin du navigateur qui a accompli l’exploit qui allait bouleverser le monde. Non sans détours.

 


La Victoria
Sur la jaquette américaine du superbe livre de Laurence Bergreen Par-delà le bord du monde, le voyage épique de Fernand de Magellan est décrit comme « une odyssée de trois ans, pleine de sexe, de violence et d’aventures stupéfiantes ». Une présentation attendue de la part d’un département marketing, dont le but est de maximiser les ventes, mais qui ne rend pas justice au travail de l’auteur. Les recherches prodigieuses qu’il a accomplies, sa prose délicate et ses évocations frappantes donnent naissance à un récit très imposant de l’époque où les navigateurs ibériques sillonnaient le monde à l’aveuglette. Son fil rouge ? La psychologie qui préside aux lacunes du commandement de Magellan, source d’une tension constante au sein de sa flotte. Mû par son rêve obsédant de découvrir les îles aux Épices, le navigateur était un noble portugais contrarié, passé au service du roi d’Espagne, et un homme compliqué jouissant d’un droit de vie et de mort sur son équipage. Presque cinq siècles après avoir embarqué pour ce voyage qui a changé le monde, le voilà qui resurgit...
LE LIVRE
LE LIVRE

Par-delà le bord du monde. L’extraordinaire et terrifiant périple de Magellan de Laurence Bergreen, Grasset, 2005

ARTICLE ISSU DU N°78

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