Publié dans le magazine Books n° 79, septembre - octobre 2016. Par Tim Flannery.
La vie est peut-être venue de Mars. Ou bien elle est née au fin fond de l’océan. Nul n’en sait rien. Mais nous connaissons depuis peu l’extraordinaire machinerie cellulaire, faite de trillions de nanomoteurs sophistiqués. Si petits que le point à la fin de cette phrase en contiendrait des centaines de millions. Si subtils que certains travaillent au milliardième de seconde ! La plupart existent depuis 3,5 milliards d’années.
En 1609, Galilée dirigea son regard vers les cieux, sa vision agrandie vingt fois par des lentilles de fabrication hollandaise, et déclencha une révolution de la pensée. Une décennie plus tard, ces mêmes lentilles permirent une seconde révolution, Galilée ayant découvert qu’en inversant leur ordre, il pouvait agrandir le très petit. Pour la première fois dans l’histoire, il devenait envisageable de voir les composants du corps, la cause des maladies et le mécanisme de la reproduction. Et pourtant, nous dit Paul Falkowski, « Galilée ne sembla pas accorder grand intérêt à ce qu’il voyait sous son télescope inversé. Il n’a guère cherché à comprendre ni interpréter les plus petits objets qu’il pouvait observer. »
Fasciné par les lunes de Saturne, qui mettaient en cause le modèle héliocentrique de l’univers, Galilée ignorait que les mouches magnifiques qu’il dessinait pouvaient avoir un rapport quelconque avec la peste qui ravageait alors l’Italie. Et pendant trois siècles encore, l’une des maladies les plus cruelles, faute d’être comprise et donc évitable, continuera de tuer par millions.
Sans doute...