La mauvaise conscience mène au mécénat
Publié dans le magazine Books n° 41, mars 2013. Par Tim Parks.
L’invention du crédit a produit la Renaissance. Un exemple phare : le banquier Côme de Médicis. Condamnés par l’Église et par Dante, les usuriers méritaient l’enfer. Un moyen de regagner la confiance du Vatican et celle de Dieu était de consacrer beaucoup d’argent à des valeurs non monétaires.
Selon Ezra Pound, « avec usura, nul homme n’a maison de bonne pierre, chacune taillée puis ajustée, afin que le décor puisse orner la façade ». Par usura, Pound désignait l’usure, le prêt d’argent à intérêt, et pas seulement quand le taux d’intérêt est exorbitant, comme dans l’emploi moderne du mot, mais quel que soit l’intérêt. Il poursuit : « Un tableau n’est plus fait pour durer, pour vivre avec, mais pour se vendre et se vendre vite avec usura, péché contre nature. » Dans les années 1920, Pound en était venu à croire, comme beaucoup le pensent encore, que la banque internationale était une source du mal. Il utilisait le terme italien usura parce que c’est en Italie que tout avait commencé. Aux XIIIe et XIVe siècles, un réseau de crédit fut tissé à travers l’Europe, s’&...