La légende du réchauffement climatique
Publié dans le magazine Books n° 10, novembre-décembre 2009. Par Ian Plimer.
Refusé par les grandes maisons d'éditions australiennes, un livre contre l'« escroquerie » du consensus dominant s'est arraché comme des petits pains.
Imaginez comme le monde serait merveilleux si le réchauffement de la planète d’origine humaine n’était que le fruit de l’imagination fertile d’Al Gore.Plus d’affreuses éoliennes pour assombrir nos plateaux ensoleillés ;plus de factures d’électricité colossales, artificiellement gonfléespar la taxe carbone imposée par l’Union européenne ; adieu le projet deloi sur la création d’un marché des permis d’émission de gaz à effet deserre, d’un coût de plus de 7 400 milliards de dollars – l’impôt leplus élevé de l’histoire des États-Unis –, que le président Obama et les siens tentent assidûment d’imposer à l’économie américaine (1).
Eh bien, vous pouvez cesser d’imaginer, car votre bonne fée est là. Elle s’appelle Ian Plimer, professeur de géologie minière à l’université d’Adelaïde, en Australie. Il vient de publier un livre mémorable, Ciel et Terre, qui va transformer à tout jamais notre manière de penser le changement climatique.
Un recul de 4 567 millions d’années
«L’hypothèse selon laquelle l’activité humaine peut provoquer leréchauffement planétaire est extraordinaire, parce qu’elle va àl’encontre du savoir validé par la physique solaire, l’astronomie,l’histoire, l’archéologie et la géologie », affirme Plimer. Sa thèsen’est pas nouvelle, mais il y a peu de chances que vous l’ayez déjàentendue exprimée avec autant de vigueur, de certitude ou d’autoritéscientifique.
Alors que d’autres sceptiques comme Bjørn Lomborg ou Nigel Lawsonsontprêts à souscrire prudemment aux prédictions les plus modérées du GIEC(Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat),Plimer ne cède pas un pouce de terrain (2). Selon lui, la théoriedu réchauffement d’origine humaine est la plus grande, la plusdangereuse et la plus ruineuse escroquerie de l’histoire.
Cesexagénaire bronzé aux cheveux blancs, courtois et enjoué mais combatifquand il le faut, rayonne de la santé de ceux qui passent la moitié deleur vie sur le terrain. Et il est sûr de lui : « Je suis géologue.Nous autres géologues savons depuis toujours que le climat change aufil du temps. Là où nous différons de bien des gens qui soutiennentl’idée du réchauffement anthropogène, c’est sur notre appréhension del’échelle. Ils ne s’intéressent qu’aux cent cinquante dernières années, alors que nous prenons en compte 4 567 millions d’années. »
Ciel et Terretente de réintroduire le sens de la perspective scientifique dans undébat qui a été confisqué par « des politiciens, des opportunistes etdes militants écologistes ». Le livre souligne, par exemple, que les pôles ont été couverts de glace pendant moins de 20 % des temps géologiques; que l’extinction des espèces est normale ; que le changementclimatique est cyclique et imprévisible ; que le CO2 dans l’atmosphère– auquel l’activité humaine contribue de manière infime – ne représenteque 0,001 % du CO2 total contenu dans les océans, les rochers desurface, l’air, le sol et la vie ; que le CO2 n’est pas un polluantmais une nourriture pour les plantes ; que les périodes les pluschaudes de la Terre – comme celle où les Romains faisaient pousser duraisin et des agrumes jusqu’au mur d’Hadrien, au nord de l’Angleterre –furent des époques de richesse et d’abondance.
Le réchauffement s’est arrêté en 1998
Ils’agit là de faits scientifiques, et l’on ne peut pas en dire autantdes simulations informatiques qui échafaudent desscénarios-catastrophes sur l’augmentation inexorable des températures,les îles qui sombrent et les banquises qui s’effondrent. Pilmer ne leurfait pas confiance, parce qu’elles semblent ne quasiment pas s’appuyersur l’observation de la réalité.
« Je suis un scientifique-né.Je passe chacune de mes journées en plein air, dans la m… jusqu’au cou,pour recueillir des données brutes. Voilà ce qui me rend si sceptiqueface à ces modélisations : elles n’ont rien à voir avec la science niavec l’empirisme, et tout à voir avec la torture des données jusqu’à cequ’elles avouent. Aucune d’elles n’a prévu la période de refroidissement climatique que nous traversons aujourd’hui.Le réchauffement de la planète n’est pas un problème. Il s’est arrêtéen 1998. Les deux dernières années de rafraîchissement ont gommé prèsde trente ans de réchauffement. »
Avec ses prises de position sans concession, Plimer ne s’est pas fait que des amis. « On raconte que je viole des vaches,que je mange des bébés, que je ne connais rien à rien. De toutes leslettres que j’ai reçues, ma préférée est celle qui dit : “Chermonsieur, allez crever.” » L’une des choses qui l’énerve tant dansl’écologisme moderne, c’est qu’il est animé par des gens « trop riches». « Quand j’essaie d’expliquer le réchauffement climatique à deshabitants d’Iran ou de Turquie, ils ne voient pas du tout de quoi jeparle. Ils vivent au jour le jour, leur principale préoccupation est dese procurer leur prochain repas. L’écoculpabilité est un luxe de pays industrialisés. C’est la nouvelle religion des populations urbaines qui ont perdu la foi chrétienne. Le rapport du GIEC est leur bible. Al Gore et lord Stern sont leurs prophètes (3). »
Un milieu éditorial timoré
Ciel et Terre est le rejeton de Petite histoire de la planète Terre,ouvrage de vulgarisation écrit par Pilmer en 2001, à partir de dix ansd’émissions sur la chaîne de radio ABC. Ce livre a eu beau êtrebestseller et remporter le prix Eureka, ABC a refusé de publier lasuite, « Ciel et Terre » – de même que tous les autres grands éditeurssollicités : « Dans ce milieu, ils sont très craintifs. Personne ne veut aller à l’encontre des idées reçues.» Un jour, il fut mis en contact avec une minuscule maison d’édition,implantée au milieu du bush, qui était partante. Et il s’est produitune chose remarquable : en deux jours, le tirage de 5 000 exemplairesétait épuisé. Cinq autres tirages se sont succédé. On compte à présent[en juillet 2009] 26 500 exemplaires vendus en Australie seulement, etles perspectives sont tout aussi encourageantes en Grande-Bretagne etaux États-Unis. Une traduction est même prévue dans un pays aussiultraécolo que l’Allemagne.
Pourtant, avec leurs incendies etleurs sécheresses prolongées, les Australiens devraient être lesderniers à adhérer à ses théories. « Ah ! mais l’acheteur moyen n’estpas un imbécile. Certains jours, je reçois jusqu’à mille lettres etcourriels de gens qui sont tout simplement écœurés par les absurditéssur le réchauffement que racontent ces progressistes des grandes villesqui ne savent même pas d’où vient le lait ou la viande. »
Enoutre, l’économie australienne est particulièrement sensible aux effetsde l’alarmisme climatique. « Même si nous possédons 40 % de l’uraniummondial, nous n’avons pas d’énergie nucléaire. 80 % de notreélectricité est produite par le charbon. La dernière chose dont aitbesoin notre économie, c’est de la loi sur le marché des permisd’émission proposée par notre Premier ministre Kevin Rudd. Si elle est votée, l’Australie sera en faillite. »
Évidemment,les répercussions potentielles hors du pays sont encore plusconsidérables. Jusqu’à cette année, la législation écologiste étaittrès bien accueillie par les Parlements anglosaxons et européens, etles politiciens « plus verts que verts » (comme les Britanniques Dave Cameron, l’homme aux éoliennes, et Dave Milliband,pour qui « nier le changement climatique revient à dire que la Terreest plate (4) ») se bousculent pour imposer à leurs malheureuxélecteurs des impôts et des plafonds toujours plus stricts en matièred’émissions de carbone.
Dépenses superflues et lois inutiles
Àl’époque où la plupart des gens se croyaient assez riches pour épongerces coûts supplémentaires et assez coupables pour penser les avoirmérités, les hommes politiques pouvaient tirer leur épingle du jeu.Mais la crise économique mondiale a changé la donne. « C’est l’un desrares effets positifs de la récession, commente Pilmer. Les genscommencent à se demander : “Avons-nous vraiment les moyens de financer toutes ces lois vertes ?” »
Lalecture de ce livre éclaire et terrifie en même temps. Elle nouséclaire parce que, après cinq cents pages de prose lourdement annotée(fruit de cinq années de recherches), on a la certitude que lacontribution de l’homme à ce qu’on appelle aujourd’hui « changementclimatique » est, a toujours été et sera sans doute toujoursnégligeable. Il nous terrifie parce qu’on ne peut qu’être épouvanté endécouvrant toutes les dépenses superflues et toutes les lois inutilesinspirées par un « problème » qui n’existe pas réellement.
Pour autant, ce livre arrive-t-il à temps pour nous sortir de l’ornière ? S’il y a une justice, Ciel et Terre devrait accomplir pour la cause du réalisme climatique ce qu’avait fait Une vérité qui dérange d’Al Gorepour l’alarmisme climatique . Mais, comme le sait bien Plmer, ilexiste désormais un vaste et puissant ensemble de groupes d’intérêtcontre lui : des gouvernements comme celui du président Obama, quicomptent bien utiliser le « réchauffement de la planète » commeprétexte pour renforcer le niveau d’imposition, la régulation et leprotectionnisme ; des producteurs d’énergie et des investisseurs quiont une fortune à faire grâce aux échanges d’émission de carbone ; desassociations comme Greenpeace, dont le financement dépend de l’inquiétude publique ; des spécialistes de l’environnement qui ont besoin de brandir constamment la menace pour justifier leur emploi.
Plimerpense-t-il vraiment que son message sera entendu ? Il sourit. « Il y atrente ans, si vous aviez demandé à des scientifiques ou à des médecinsd’où venaient les ulcères à l’estomac, ils vous auraient tous fait lamême réponse : les ulcères venaient de l’acide produit par un excès destress, bien sûr. Tous, sauf deux chercheurs, qui ont été cloués aupilori pour leur théorie aberrante selon laquelle les ulcères étaientcausés par une bactérie. En 2005, ils ont obtenu le prix Nobel. Le “consensus” se trompait. »
Notes
1|Appliqué dans l’Union européenne, le système de plafonnement etd’échange des droits d’émission exige de l’industrie qu’elle réduiseles émissions de gaz à effet de serre. Lorsque les émissions effectivesd’une entreprise sont inférieures aux quotas alloués, la compagniedispose de quotas inutilisés qu’elle peut vendre à celles qui ontdépassé les leurs.2| Bjørn Lomborg, professeur à la CopenhagenBusiness School, est l’auteur de L’Écologiste sceptique. Le véritableétat de la planète (Le Cherche Midi, 2004) ; Nigel Lawson, chancelierde l’Échiquier sous Margaret Thatcher, est l’auteur de « Un appel à laraison » (K&B, 2008).
3| Nicholas Stern est un économistebritannique, auteur d’un rapport au Premier ministre préconisant desmesures drastiques pour lutter contre le réchauffement climatique (voirBooks, no 3, mars 2009).
4| David Cameron, leader du particonservateur britannique depuis 2005, a équipé le toit de son domicilelondonien d’une mini-éolienne et de panneaux solaires. Le travaillisteDavid Milliband, était secrétaire à l’Environnement de 2006 à 2007.