Publié dans le magazine Books n° 7, juillet-août 2009. Par Jeneen Interlandi.
Professeur de littérature, Mark Bauerlein contemple avec effroi les effets des nouveaux médias sur le niveau culturel des jeunes. Le degré d’ignorance créé par l’accroissement du temps consacré chaque jour à « socialiser » sur Internet est devenu, selon lui, une menace pour la démocratie. Il dénonce la démagogie des adultes qui l’encouragent. Analyse classique d’un grincheux ? C’est le point de vue défendu par deux journalistes scientifiques de Newsweek, pour qui Bauerlein a le tort de lier sa démonstration à la question de l’intelligence. Rien n’indique que la « Net génération » soit plus bête que la précédente.
Honnêtement, qui n’a pas encore compris que chercher des exemples pour illustrer l’ignorance des ados ou des plus de 20 ans, c’est un combat gagné d’avance ? Si vous voulez entraîner vos muscles oculaires ou brachiaux à implorer le ciel en vous tordant les mains, vous n’avez que l’embarras du choix. Deux tiers des élèves de terminale en 2006 ne pouvaient expliquer le sens d’un panneau sur une vieille photo à la porte d’un théâtre indiquant « COLORED ENTRANCE », « Entrée réservée aux gens de couleur ». En 2001, 52 % ont cité l’Allemagne, le Japon ou l’Italie parmi les alliés de l’Amérique pendant la Seconde Guerre mondiale, mais pas l’Union soviétique. Un quart des 18-24 ans interrogés lors d’une enquête de 2004 n’ont pu dire qui était Dick Cheney, et 28 % d’entre eux ne connaissaient pas William Rehnquist. Quelle est la frontière la plus militarisée du monde ? Celle qui sépare le Mexique des États-Unis, selon 30 % de la même classe d’âge. Difficile de croire qu’il n’y avait que des patriotes vantards ou délirants dans ces 30 %.