La force des tranquilles

Notre monde appartient chaque jour davantage aux tapageurs, ces expansifs qui savent se vendre et passent pour plus compétents. Nous négligeons ainsi le talent des introvertis, qui ne sont pas moins créatifs et représentent entre le tiers et la moitié de la population. Au risque d’ignorer les Bill Gates, Einstein et autres Spielberg de demain.

Devant la caméra, Matthias Brandt peut tout faire : rire, aimer, fulminer, haïr. Il peut séduire, flirter, se montrer irrésistible. Mais dès que s’arrête la prise de vues, tout cela lui devient difficile. La raison ? Il n’est pas aussi extraverti que le public l’imagine. Le soleil brille sur Munich et le tournage d’un nouvel épisode de Polizeiruf s’achève. Le moment est venu de faire photos et interviews. Dans cette série policière, Brandt incarne le commissaire Hanns von Meuffels, un original paisible qui résout ses affaires par la réflexion. Un rôle qui va comme un gant au fils de l’ancien chancelier Willy Brandt (1). Les mains dans les poches, au soleil, l’acteur est donc censé poser pour les photographes. Mais Brandt ne se tient pas comme ces derniers l’attendraient d’un commissaire de télévision : « Regardez par là ! », « Tournez-vous ! », « Riez un peu ! » Brandt ne les écoute pas, se contente de sourire pendant quelques minutes puis les remercie et s’en va. Les reporters fulminent. Faire sa promotion, n’est-ce pourtant pas l’essence même de son métier d’acteur ? Le...
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Tranquille. Le pouvoir des introvertis de La force des tranquilles, Crown

ARTICLE ISSU DU N°38

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