La faillite des économistes

À en juger par une série d’ouvrages publiés en 2008, la crise, par sa profondeur, a été une surprise totale pour les économistes professionnels. Paul Krugman, qui reçut le Nobel d’économie à l’automne dernier, fait preuve du même aveuglement que ses collègues Joseph Stiglitz ou Jeffrey Sachs. En moralistes préoccupés par la question des inégalités et des affrontements politiques, ils n’ont pas vu que le principal défaut du système capitaliste actuel était son instabilité. Leurs appels à l’action témoignent d’une grande naïveté. Pourtant, comme en témoigne un livre de l’économiste libéral Razeen Sally, ils n’ont pas le monopole de l’irréalisme. La crise que nous vivons annonce des révisions déchirantes pour l’économie politique.

La crise, ou du moins sa gravité, fut une surprise totale pour les économistes professionnels. Dans les ouvrages qu’ils ont respectivement signés, les éminents lauréats du prix Nobel que sont Paul Krugman et Joseph E. Stiglitz raisonnent, en compagnie de Jeffrey Sachs, comme si le principal défaut du système capitaliste actuel ne résidait pas dans son instabilité, mais dans son mode de redistribution inégal des richesses, tant aux États-Unis que dans le reste du monde. Aujourd’hui encore, il est difficile de savoir à quel point les économistes ont entrepris de remettre en cause les credo qui ont rendu possible l’effondrement de grande ampleur que nous vivons. Les seuls livres qui annoncent clairement la crise n’ont pas été écrits par des économistes professionnels. Charles Morris, avocat et ancien banquier d’investissement américain, semble avoir anticipé depuis plusieurs années le resserrement actuel du crédit. Écrit avant que le désastre s’étende au monde entier, son livre, Le Grand Krach du crédit, est le meilleur récit que j’aie lu sur sa genèse. Morris décrit comment l’innovation financière a été poussée...
LE LIVRE
LE LIVRE

L’Amérique que nous voulons de La faillite des économistes, Flammarion

ARTICLE ISSU DU N°4

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