Publié dans le magazine Books n° 1, décembre 2008 - janvier 2009. Par Federico Rampini.
Monstrueuse aberration, ou révélateur d’une évolution largement partagée ? En fuyant les idées reçues sur la culture politique italienne, on voit mieux les Berlusconi qui nous entourent.
Avec son second gouvernement, Silvio Berlusconi a battu tous les records de longévité depuis la naissance de la République italienne en 1946 (1). La plupart des observateurs ont alors pronostiqué – ou craint – l’avènement d’un « régime » berlusconien, appelé à durer et capable de transformer en profondeur le système politique du pays. Le « berlusconisme » fait couler beaucoup d’encre, la signification donnée au mot variant fort d’un auteur à l’autre, voire chez un même auteur. On entend par « berlusconisme » une forme nouvelle de populisme, fondée sur la puissance de l’argent et des médias, et éclaboussée par le conflit d’intérêts ; une nouvelle forme de manipulation de l’adhésion populaire
via la création d’une organisation partisane originale, sans précédent dans l’histoire [Forza Italia] ; un théâtralisme exceptionnel de la part d’un homme doté d’un pouvoir personnel supérieur à celui de tout autre dirigeant de l’histoire de la République. Parfois, le mot évoque une métamorphose structurelle du système politique italien, le début d’une ère où les vieilles règles seraient bouleversées (2). Au point, peut-ê...