La constance d’un bourgeois allemand

Pendant plus de vingt mille jours, de la Révolution française au printemps des peuples de 1848, Ferdinand Beneke a consigné sa vie sans interruption. Avec la publication du premier tome de son journal, l’Allemagne découvre son diariste le plus assidu sous les traits d’un jeune bourgeois qui se cherche et s’efforce, partagé entre ses convictions démocrates et son travail au service du roi, de devenir un homme dont il puisse être satisfait.

Notre homme est de très mauvaise humeur : les bras croisés, les poings serrés, un regard noir lancé au photographe. L’expérience ne lui a clairement pas plu – un gadget moderne, ce daguerréotype, mais que ne ferait-on pas pour sa famille ? Il faut bien que le fils, qui se trouve à Cuba, voie comment elle se porte, à Hambourg : le père, la mère, les trois frères et sœurs ont l’air sage et sérieux dans leurs habits bourgeois. Mais si l’on fait abstraction de cette mauvaise humeur, on distingue aussi de la chaleur et du mouvement dans cette image, dans ces mains qui se touchent, ces corps penchés les uns vers les autres : ces gens ont passé beaucoup de temps ensemble et beaucoup partagé. Le patriarche, Ferdinand Beneke, alors dans sa soixante-dixième année, est un homme de l’ancien temps, un enfant du XVIIIe siècle tardif, d’une époque où, sous l’influence de Klopstock et Lessing (1), on s’exaltait en se promenant dans la nature, on échangeait de tendres œillades avec les femmes et on jouait avec ses enfants. Où l’on s’intéressait à l’éducation...
LE LIVRE
LE LIVRE

Journal. 1792-1801 de La constance d’un bourgeois allemand, Wallstein Verlag

ARTICLE ISSU DU N°45

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BOOKS n°123

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