Pour bien raconter, il faut avoir quelque chose à raconter. Et, pour recueillir du matériau, pourquoi pas le journalisme ? Peut-on imaginer meilleur trou de serrure pour observer les recoins de l’âme de la société ou des individus qui la composent, et tous les petits et grands événements qui affectent nos contemporains ? La guerre, par exemple. C’est un « énorme avantage pour un écrivain d’avoir l’expérience de la guerre », assène Ernest Hemingway en professionnel des deux exercices (1). Une expérience qu’on peut acquérir comme victime ou comme militaire, mais aussi comme reporter au proche contact du « boum boum », pour reprendre les termes de la profession.
Tous les écrivains ne sont pas d’accord. Pour un Ward Just qui reconnaît que c’est le journalisme qui lui a fourni « l’engrais qui a fait pousser les plantes de [son] jardin » de romancier, combien vilipendent les « folliculaires » (Voltaire), ceux qui « trempent leur plume dans l’encre impure de l’écriture » (Dominique Fernandez), voire « ces ratés de l’écriture » (Henry de Montherlant). Même Hemingway fait la fine bouche : « Travailler pour un journal ne peut pas faire de tort à un jeune...