Jeunes et homos sous Pinochet
Publié en mai 2024. Par Books.
Le roman se déroule dans les années 1980 et met en scène deux jeunes hommes qui, en pleine dictature de Pinochet, vivent une histoire d’amour. Tomás Mena et Clemente Fabres viennent de deux mondes différents. Tomás attend avec impatience d’entrer à l’université pour inaugurer une nouvelle étape de sa vie. Il développe un sentiment de répulsion envers sa famille qui soutient Pinochet, son quartier et la dictature. Clemente est un « cuico » (nouveau riche), fils d’exilés en Angleterre. À 22 ans, il est dans un pays qu’il ne considère pas comme le sien. Il envisage de retourner en Angleterre dès qu’il aura terminé ses études de journalisme. Ce qui le sauve, c’est d’écrire un fanzine sur la musique, le cinéma et les livres, qu’il distribue gratuitement. Clemente est rejeté par ses camarades de gauche, qui ne lui pardonnent ni son espagnol, ni son physique, ni le fait qu’il lise des écrivains japonais au lieu de Galeano, l’auteur uruguayen des Veines ouvertes de l’Amérique latine (1971).
Tomás et Clemente se poursuivent, se cherchent chez les disquaires, au cinéma et lors de soirées underground pleines de personnages excentriques. Chacun lutte à sa façon contre une atmosphère étouffante et conservatrice.
Dans une interview à l’édition chilienne du journal El País, l’auteur, le Chilien Alberto Fuguet, raconte : « Je suis peut-être en train de rembourser une dette : j’écris sur mes années universitaires, la dictature, mais aussi sur l’ère de la nouvelle vague et mes débuts. J’ai l’impression que personne ne s’en souvient. Peut-être qu’en entrant dans le troisième âge, il est plus facile de regarder cela en face. J’ai plus de liberté et moins de pudeur […]. J’ai quelque chose des deux protagonistes, mais je me reconnais plus chez Clemente : la même paranoïa, la même solitude, le même sentiment de non-appartenance, la peur du harcèlement et de la haine. La peur à la fois de la culture de la gauche anti-pop et de celle de la droite qui prétendait être cultivée alors qu’elle ne parvenait pas même à être kitsch. »