« Je promène mes yeux absents sur la carte de notre pays »
Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013.
La Tchécoslovaquie vient d’être livrée à Hitler. L’allié français s’est renié. À Prague, une femme raconte l’anxiété générale, la détresse des déplacés qui affluent dans la capitale, mais aussi « la volonté farouche de s’adapter à la réalité » et la couardise de la presse.
12 octobre 1938 - Chacun de nous ne peut qu’être horrifié en cherchant nos plus belles contrées sur la nouvelle carte de notre pays mutilé. Ils nous ont si bien dépouillés que, bientôt, il ne restera de notre ravissante patrie que Prague et ses environs.
Je pense aux gens que je connais et j’ai du mal à réaliser que leurs maisons doivent, pour la plupart, être passées aux mains du Reich allemand. J’ai le cœur serré en lisant le nom de nos villes occupées. Nous avons toujours été tellement fiers de notre eský Krumlov (1), si pittoresque avec son charme médiéval. Nous l’étions tout autant de Znojmo et de sa campagne légendaire. Et que dire de Píbor, de Duchcov (2)… […]
Ils nous ont aussi pris Litomice, Beclav, Trutnov, Liberec, eská Lípa, Ústínad Labem, Most, Polika, Svitavy, Prachatice (3). Et puis Horšv Týn, avec tante Anna. Elle est morte sous la Première République tchécoslovaque. Elle sera enterrée sous le IIIe Reich.
Ils nous ont également enlevé Dín, notre Suisse tchéco-saxonne. Même Žatec, grande productrice de houblon pour les...
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