Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013.
… et, à peine arrivé au village, je me suis retrouvé. » Atteint de schizophrénie depuis l’âge de 19 ans, le Basque Miguel González Purroy raconte dans le journal qu’il tient de 1991 à 2000 ce que signifient vivre avec la maladie et s’efforcer en permanence de la contrôler. Il y fait aussi preuve d’une étonnante clairvoyance sur la folie de notre société.
Zizur, 21 novembre 1999
Je vis depuis plus d’une semaine un processus d’autodestruction. Ma pensée s’emballe, je dois la ralentir. La maladie me gagne de vitesse et je commence à penser qu’il m’arrive des choses surnaturelles. Je suis conscient qu’il existe une maladie qui fait croire qu’on est un homme choisi par Dieu et qu’on a une tâche à accomplir sur terre. J’ai connu des illuminés qui pensent et agissent de cette façon à cause de la maladie. Il faut donc que je me rappelle que moi aussi je suis malade, que je suis un traitement psychiatrique, que j’ai été plusieurs fois interné dans des services psychiatriques…, et me défaire de toute pensée qui s’écarte de la normalité. C’est difficile. Je pense réellement qu’il m’est arrivé des choses surnaturelles, même des miracles, mais je ne dois pas le croire, parce que ces choses sont absurdes. En plus, je suis conscient qu’il y a des périodes de ma vie où ma tête ne fonctionne pas bien et où je dois me méfier de moi-même.
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