Ingénierie éditoriale
Publié en novembre 2024. Par Books.
Ce n’est pas encore un bestseller, mais cela va venir. Les six derniers livres de Malcolm Gladwell se sont vendus à des dizaines de millions d’exemplaires. Les francophones impénitents se sont déjà jetés sur Le Point de bascule (2003), La Force de l’intuition : Prendre la bonne décision en deux secondes (2006), Les prodiges : Pourquoi les qualités personnelles et le talent ne suffisent pas à expliquer le succès (2009 ; réédité en 2018 sous le titre Tous winners !), David et Goliath : L’art de contourner les règles du jeu (2014), Face aux inconnus : Quand la première impression n’est pas la bonne (2021).
Dans Revenge of the Tipping Point, il fait un retour sur le livre qui l’a lancé, The Tipping Point (Le Point de bascule), sorti en 2000. Son propos de base reste inchangé : les idées, les produits et les messages se répandent à la manière d’une épidémie, comme des virus ; et c’est au bout d’un certain temps, quand l’épidémie a atteint un certain seuil, que se produit le « point de bascule », entraînant un changement dans la vie individuelle ou la société. Mais alors que dans le premier livre il analysait surtout les mécanismes qui entraînent un « changement social positif », explique Dov Greenbaum dans la revue Science, cette fois il montre « comment les points de bascule peuvent être exploités avec des intentions potentiellement délétères ». C’est un signe des temps : nous ne sommes plus à l’ère Clinton, mais à l’ère Trump, observe Edward Posnett dans The Guardian. Une bonne raison de lire ce livre est qu’il regorge d’anecdotes à raconter dans un dîner mondain, écrit l’essayiste W. David Marx dans The Washington Post. Pour le reste, vous pouvez passer votre chemin : Gladwell ressasse les mêmes clichés et à aucun moment n’évoque les multiples critiques apportées depuis un quart de siècle à sa thèse par les sociologues.